Je l'avoue, lorsque je tombe sur un combat d'arts martiaux (UFC) à la télé, je suis incapable de le regarder plus de 30 secondes. Je ne peux supporter de voir ces violents combattants, enfermés dans une cage, se rouer de coups de poings et de pieds, surtout lorsque l'un d'entre eux est en mauvaise posture et encaisse une véritable raclée sans être capable de se défendre.
Suis-je une âme trop sensible ? Pourtant, je sais apprécier un bon combat de boxe dans lequel les belligérants se cognent sans ménagement et donnent un bon «show». Suis-je trop sentimental quand je refuse d'endurer trop longtemps le cruel spectacle de deux jeunes femmes au visage amoché et ensanglanté se battre comme des bêtes en cage ?
LA PASSION DU COMBAT
Bien non, ces athlètes féminines bien entraînées ne sont pas forcées de se livrer de telles batailles sans merci. Pour elles, les arts martiaux c'est un sport qu'elles aiment pratiquer, souvent avec passion.
UNE ENFANCE DE GARÇON MANQUÉ
Délaissant les poupées, jouet normal à son âge et à son genre, elle «jouait» plutôt à la boxe avec son frère et les garçons de son voisinage. C'était déjà une battante.
Elle aimait aussi chasser et pêcher avec son père. Parce qu'elle adorait tirer du fusil, son paternel l'a surnommée «12 Gauge», un surnom qui lui est resté...
Ses parents possédaient un studio de danse et, pendant treize ans, leur fille a appris le ballet, le jazz et le hip hop, tout en pratiquant le cheerleading à l'école. Plus tard, elle dira d'ailleurs qu'elle s'est plus souvent blessée en faisant du cheerleading que durant sa carrière en arts martiaux. Dans cette dernière discipline elle a pourtant subie plusieurs blessures assez graves (dont trois fois des fractures à un bras) lors des combats ou en s'entraînant durement.
CONTRER L'INTIMIDATION
Bien que, toute jeune, elle aimait déjà la compétition en danse, comme lorsqu'elle «jouait» à la boxe, c'est l'intimidation, dont elle a longtemps été victime à l'école, qui l'a poussée à s'engager dans les arts martiaux. C'est son père qui lui avait suggéré ce moyen d'apprendre à se défendre elle-même de ses intimidateurs.
Ce groupe de filles qui la harcelait sans cesse en se moquant de son vrai nom de famille (Sletten, qu'elles avaient transformé en «Slutton», qui peut se traduire par «salope» en français) l'ont incité à changer de nom de famille pour VanZant, qui était le nom d'un des étudiants de sa mère et qui sonnait bien à ses oreilles.
Victime d'un viol collectif après avoir été saoulée, à l'âge de seize ans, elle se sentait détruite, et elle a songé au suicide après ce drame. C'est sa pratique des arts martiaux, dont le jiu-jitsu, qui lui a redonné confiance en elle, et qui lui a sauvé la vie, écrira-t-elle plus tard, en 2018, dans son auto biographie (Rise : Surviving the Fight of My Life).
On peut dire que Paige VanZant était précoce en tout. Brillante élève à l'école, elle a sauté les étapes en obtenant son diplôme deux ans avant le temps normal. Ce fut la même chose en arts martiaux. Elle n'avait que dix-huit ans à peine mais elle était prête à se battre en UFC. Sauf qu'il fallait avoir 21 ans pour être acceptée.
DES DÉBUTS FRACASSANTS
Dès qu'elle a été en âge pour faire son entrée en UFC, VanZant n'a pas raté son coup. Le 22 novembre 2014, elle défaisait Kailin Curran par mise de combat technique au 3e round. Sa performance époustouflante lui a valu le titre de «Fight of the Night». Une récompense très rare pour une combattante aussi jeune !
Ces débuts fracassants feront grande impression. Après ce tout premier triomphe, elle devient populaire et elle signe une entente de commandite avec la prestigieuse compagnie Reebok. Les médias, ainsi que d'autres combattantes de la UFC, déclenchent une controverse en disant qu'après seulement un combat, Paige ne peut avoir eu cette commandite qu'en raison de sa beauté, et non pas parce qu'elle a fait réellement ses preuves.
Dana White, le président de la UFC, défend VanZant en affirmant que, si elle a décroché cette commandite, c'est parce qu'elle est populaire, qu'elle a un énorme potentiel, et une belle...personnalité ! D'autres contrats de mannequinage suivront, notamment avec Nike et Columbia Sportswear.
UNE GAGNANTE DANS TOUT
Dans la cage de combat, Paige VanZant s'est taillée une réputation de dure à cuire, avec son style agressif. Elle remportera plusieurs autres belles victoires (sept) en UFC mais elle subira aussi des défaites démoralisantes (cinq) qui la feront souvent pleurer, elle qui déteste tellement perdre et qui est habituée de gagner dans tout ce qu'elle entreprend, dans l'arène comme à l'extérieur de celle-ci.
Elle se reprendra l'année suivante en remportant la compétition de cuisine "Chopped" (sur le Food Network) parmi quinze autres célébrités dont LaMarr Woodley, Mariel Zagunis, et Dorothy Hamill.
ADIEU LE GARÇON MANQUÉ
En 2018, Paige révèle qu'elle a subi une chirurgie pour une augmentation mammaire. Elle a expliqué : «Je suis une fille et j'ai toujours voulu mes propres seins. Ils ne sont jamais venus, alors je les ai achetés.» Celle qui était considérée comme un «garçon manqué» dans sa prime jeunesse, prenait en quelque sorte sa revanche, et elle confirmait que ce qu'elle désire vraiment fort, elle prend toujours les moyens pour l'obtenir !
D'ailleurs, elle rejette le stéréotype voulant qu'une combattante, comme elle, soit nécessairement agressive et sauvage. «Ce n'est pas ce que je suis. Je suis une fille super féminine (girly girl) qui se trouve, par hasard, à aimer frapper des gens au visage.»
C'est peut-être cette remarquable force de caractère qui, la même année, a conduit son prétendant, et futur époux, le lutteur Austin Vanderford, à lui demander sa main (janvier 2018).
Après deux défaites dans ses premiers combats à mains nues, VanZant refuse, pour le moment, d'envisager la retraite. Mais, au cours des dernières années, ses prestations sur les réseaux sociaux (dont 3,2 millions de followers sur Instagram) lui ont fait gagner plus d'argent (sa fortune est évaluée à un million de dollars u.s.) que sa carrière dans les arts martiaux.
COVER GIRL
En 2019, Paige a posé pour la fameuse édition des maillots de bain de la revue Sports Illustrated. Surprise que les responsables de la revue l'aient demandée pour cette prestigieuse séance photos, elle dira que c'est la preuve que l'on peut être à la fois belle et dure à cuire (badass).
ACTIVISTE CONTRE L'INTIMIDATION
«J'espère vraiment inspirer les jeunes filles, étant quelqu'un qui a été très intimidé. J'ai dû quitter l'école parce que ça allait tellement mal. Une partie de moi-même veut leur montrer tous mes succès, seulement pour leur démontrer qu'elles (ses intimidatrices) n'ont pas pu me briser» (...)
Elle poursuit, à l'intention des jeunes filles intimidées : «Il peut sembler que le monde s'écroule, mais il y a une lumière au bout du tunnel. Et il y aura de bonnes choses qui viendront de ces expériences traumatisantes.» (...) «Vous n'avez pas à jouer les victimes. Vous pouvez être des survivantes et des combattantes.»
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